LA DURABILITE DU SYSTEME OASIEN MILLENAIRE, APPLIQUE AU CAS DE L’OASIS DE OUARGLA (ALGERIE)

Abstract

Les quatre cinquièmes des 2 381 741 km² que compte l’Algérie sont occupés par le Sahara. Ouargla, appelée autrefois « Capitale des oasis », est située au Sud-Est de la capitale Alger à une distance de 800 km. Elle est considérée, depuis l’antiquité, comme un carrefour important et un centre d’une activité commerciale ancienne pour les caravanes et les nomades. Le système oasien, qui se localise par excellence, au niveau du désert saharien, englobe dans son territoire les pays de la frange Nord de l’Afrique du Nord. Les conditions climatiques et l’ingéniosité de sa population ont favorisés l’implantation de ce système unique. Un système reposant, essentiellement, sur une association de trois étages de cultures et où le palmier dattier est considéré comme culture principale. Les pratiques culturales traditionnelles, fondées sur un savoir faire ancestral, sont le pilier sur lequel se repose une activité économique et sociale très ancienne. L’irrigation est assurée par l’exploitation d’une ressource collective et gérée par tour d’eau. Différents systèmes d’irrigation font la gloire de ces régions. Une irrigation de submersion prédomine dans ces oasis.L’agriculture, essentiellement de type vivrier, avec son rôle identitaire, d’équilibre et de stabilité régionale, est considérée comme étant la principale activité économique d’une population en constante évolution. D’une agriculture de subsistance, on passait à une agriculture de « marché » de proximité. Ce passage est la résultante directe de l’augmentation de la population et de sa diversité d’où une adaptation aux nouvelles conditions du milieu. Ces adaptations se traduisent par l’introduction de nouvelles variétés, voir de cultures méconnues ou non pratiquées à grande échelle auparavant par les agriculteurs.Néanmoins, ces oasis, avec leur complexité et leur fragilité, sont menacées par la disparition. D’innombrables contraintes sont à l’origine de cette possible disparition, notamment l’excès d’eau, l’absentéisme et l’envahissement du béton.Stimulé par la découverte du pétrole et les différents programmes et plans de développement, Ouargla est devenu le centre vital de l’industrie pétrochimique du pays. Ce qui lui permet d’attirer une main d’œuvre locale et étrangère très importante, favorisant par là son développement.Dans le contexte d’étalement urbain et de transformation socioéconomique des espaces oasiens, l’agriculture qui, sous la contrainte de l’urbanisme et de la pression foncière, peut jouer un rôle de régulateur (agriculture périurbaine) et peut aussi avoir des capacités de résistance et d’adaptation (multifonctionnalité agricole, innovation).Le territoire perd, au fil du temps, ces caractéristiques « ksouriennes » et agro-rurales pour devenir de plus en plus urbanisé que des années passèrent. Dans le cadre de notre présente étude, nous essayerons d’analyser les processus d’abandon et/ou de dégradation des oasis de la région de Ouargla sous l’effet double de l’urbanisation et du phénomène d’émigration de la main d’œuvre jeune ainsi que les remèdes pouvant être préconisés pour la sauvegarde de ce système millénaire.Ces oasis ont traversé les siècles est-ce pour les voir échouer enfin, vers l’âge des technologies et d’Internet, sur le rivage d’une croissance urbaine des plus monstrueuses qu’a connu le Sahara algérien ? Le sauvetage de ces oasis est-il possible aujourd’hui ? S’agit-il d’une simple opération de « revivification des oasis », de « grands travaux », de « réhabilitation de la palmeraie » ou plutôt d’un projet de développement durable, intégré, pluridisciplinaire, associatif et s’inscrivant dans la logique de la préservation et de la continuit é d’un savoir faire ancestrale que nos aïeux ont acquis durant des siècles dans des conditions rudes.