RÉSURGENCE DU MYTHE D'ŒDIPE ET RÉVOLTE IDENTITAIRE dans Sang des promesses (1997-2009), tétralogie de Wajdi MOUAWAD

Abstract

Le mythe d’Œdipe, la quête des origines, la transgression des interdits et la révolte identitaire ont resurgi dans l’œuvre de Wajdi Mouawad, dans une succession de quatre pièces, Littoral (1999), Incendies (2003), Forêts (2006) et Ciels (2009) regroupées depuis 2009 sous un seul titre : Le sang des promesses. La référence très subtile au mythe d’Œdipe dans les textes de la tétralogie céderait la place au surgissement progressif d’une révolte identitaire croissante, nourrie par la violence des événements politiques et historiques contemporains. Wajdi Mouawad fais aussi recours à une scénographie moderne, dramatique, visuelle et multimédia. Il tente par la même occasion de redonner un sens nouveau au mythe d’Œdipe, en présence d’autres figures mythiques, en se livrant à des allers et retours entre les significations symboliques, des lectures prêtées à cet être légendaire et les conceptions modernes héritées de Sigmund Freud et vulgarisées par maints critiques. L’enfance est « l’anneau perdu » dans l’histoire d’Œdipe et dans celle des personnages du Sang des promesses. Leur réaction face au malheur « inévitable » qu’ils doivent affronter fait la matière de la tétralogie. Leur révolte identitaire est associée à cette résurgence littéraire du mythe d’Œdipe, à cette dimension tragique. Ils se sentent contraints de chercher à connaître leurs origines pour résoudre le malaise existentiel qu’ils éprouvent afin de couper le fil de la malédiction antique pour n’être soumis qu’à leur libre arbitre. En effet, La tétralogie, Le sang des promesses, reflèterait l'effondrement des grandes idéologies dominantes du XXe siècle, et la réflexion sur la condition humaine devrait être désormais le noyau de l'écriture.